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REGISTRES D
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de pierres s'efforcent rompre sa bouticque, pour puis après la voiler, requerant à mesd. sieurs y voulloir envoyer gens, pour ce empescher. Luy a esté de­mandé s'il estoit ja entré aulcun dedans sad. maison et si on la volloit; a dict que non, mais qu'elle le craignoit fort.
Au moyen de quoy ont esté aussi tost envoyez aud. lieu aucuns archers de lad. Ville, pour ce empescher. Ausquelz a esté delivré quelques rondaches el halle­bardes d'icelle Ville; qui y seroient allez et après rapporté qu'ilz avoient trouvé quelques planches de lad. boutique rompues par le peuple illec assemblée, qu'ilz auroient faict retirer, de sorte qu'il n'y avoit à present personne devant lad. maison l'2'; rapportant deulx hallebardes, de ceulx qui leur avoient esté baillées, rompues. Demourant ce pendant lad. dame du Marteau d'Or en l'Hostel de lad. Ville, comme lieu de seur accès, pour craincte dudict peuple. Laquelle auroyt esté remenée et conduicte en sond, logis par lesd, archers. Et [fut] envoyé à Richard Gonnier le mandement qui s'ensuyt :
"Cappitaine Gonnier, nous vous prions prandre presentement voz armes, ensemble tous voz voisins el bourgeois de vostre dixaine, pour empescher que aulcun desordre ou tumulte n'advienne à vostre quartier, sur peyne dc s'en prandre à eulx et vous tous.
"Faict le dimanche neufiesme Decembre 1671.15
10. — [Le Quartenier Mathurin de Beausse assiégé dans sa maison.]
g décembre 1571. (A, fol. 248 r°; B, fol. 173 r°.)
Pendant que mesd. seigneurs estoient audict Bu­reau de la Ville pour l'effect dessusdict, ilz auroient receu advertissement que ung amas de peuple tumul­tuairement voulloyt tendre lesd, chesnes de lad. rue
Pareilz mandemens ont esté envoyez aux aultres sieurs Conseillers de lad. Ville.
#e par les Prevost des Marchans et Eschevins de la Ville de Paris.
r Cappitaine des liarquebuziers, nous vous man­dons que vous ayez à nous venir trouver avec toute vostre compagnie, sans en excepter ung seul, ce jour d'huy presentement, dedans neuf heures du seoir au plus tard, avec le plus grand nombre de vostredicte compaignye à cheval que pourrez, pour nous accompaigner en personnes et les loger, leur faisant sçavoir que où aucun d'eulx y fera faulte, que oultre la demission et dégradation de leurs estatz et amende, ilz seront pugnis corporellement comme rebelles et desobeissans aux commandemens du Roy et de la Ville, et comme estans cause par leurs absences de la sédition de ceste Ville. Si n'y faictes fa ul I e.
"Faict au Bureau de lad. Ville, le neufiesmejour de Decembre 1571, à six heures du seoir, n
Pareilz mandemens ont esté expédiez et encores aux aultres Cappilaines des archers et arbalestriers.
9. — [Pillage d'une maison sur le Pont Notre-Dajie.]
9 décembre 1571. (A, fol. 2/17 v°; B, fol. 172 v°.)
Du dimanche neufiesme jour de Decembre mil vc soixante unze.
Cedict jour, environ l'heure de cinq heures du seoir, est venu au Bureau de lad. Ville, où estoient Messieurs les Prevost des Marchans et Eschevins d'icelle, Ia dame du Marteau d'Or assis sur le Pont Nostre Dame'1', laquelle a remonstré que presen­tement s'est assemblé grand nombre de personnes à elle incogneues devant son logis, lesquelz à coups
C La maison du Marteau d'Or, la dix-neuvième sur le Pont Notre-Dame, appartenait à la Ville et était occupée, au moment de la deuxième guerre civile, par Nicolas Le Mercier, qui, étant huguenot, avait été contraint de quitter la ville. Alors la Municipalité en passa un nouveau bail an nom de Jean Lenfant, moyennant un loyer annuel de 725 livres (ci-dessus, p. 16, note 1). Pour faire, place au nouveau venu, les meubles de son prédécesseur furent saisis, enlevés et remisés dans les greniers de l'Hôtel de Ville, où ils étaient encore le 16 juillet 1569 (ci-dessus, p. 190, note). L'édit de pacification permit à Nicolas Le Mercier de reprendre son commerce au Marteau d'Or, et c'est sa femme qui vint se plaindre au Bureau de l'envahissement de sa maison. Son nom est donné par le Journal de Jean de ia Fosse, qui rapporte ainsi, en les atténuant le plus possible, les excès commis sur le Pont Notre-Dame : tt Le peuple incontinent après fust au logis de trois huguenots, dont l'un esloit nommé Mercier, demeurant au Marteau d'Or, sur le ttPonl Nostre Dame, et furent les fenestres et ouvroirs des maisons desdils huguenots rompus; il y eut quelques petils pillars mêlés "avec le peuple, qui prirent quelques petites choses aux maisons desdicls huguenots, dont aulcuns furent mis prisonniers.). (Op. cit., p. i36.)
(-) On verra plus loin que, si celle première tentative ne réussit pas, les émeuliers revinrent à la charge et finirent par exécuter leur criminel dessein.